Il était tard, presque trop tard, quand on a décidé d’être raisonnables.
Il fallait s’oublier, alors on s’est promis d’essayer, chacun de notre côté, comme si ça pouvait suffire.
Depuis, mes nuits manquent d’équilibre. Je cherche encore ton souffle pour m’endormir.
Le jour, j’avance comme je peux. Je voyage, je croise d’autres visages, je remplis mes heures comme pour prouver que je continue.
Je fais semblant d’être solide. Je retarde les chutes. J’évite de blesser ceux qui n’ont aucune idée de ce que je traîne encore derrière moi.
Je ne sais pas ce qui me retient, toi peut-être, ou seulement l’idée de toi, celle que j’ai fabriquée pour tenir debout.
Que tu me retiennes ou que tu me laisses partir, c’est une équation où je me perds car rien ne dure assez longtemps pour tenir autrement qu’en équilibre.
Tu m’avais dit qu’on s’en remet. Je répète cette phrase en boucle, comme un geste qu’on affine jusqu’à oublier pourquoi on le fait.
Tu m’avais dit d’oublier, et pourtant je reviens toujours au même endroit : la nuit, quand il est déjà trop tard pour ne plus t’aimer.