
Je le photographiais de dos sur la plage ou dans la rue, juste pour la mémoire de sa carrure, de son allure.
Il gardait un souvenir de chaque moment passé ensemble: une carte postale, un livre, une photo de moi, rarement de nous.
J’ai encore ces photos volées d’un fragment de lui, figées dans le temps.
Elles racontent une histoire, autant que les mots.
L’enthousiasme des débuts porte une poésie que ne devraient pas ternir les désillusions de la suite.
Je regarde ces images et je m’en souviens.
Je n’écris pas pour toi.
J’écris pour ceux qui ont aimé, et qui aimeront encore. Ceux qui vivent au lieu de raconter, qui ne partent pas pour fuir mais pour rejoindre. J’écris pour ceux qui se souviennent du meilleur, car le temps n’efface que ce qui n’a pas compté. Ils sont naïfs et tendres, ils ne blessent qu’eux-mêmes à trop vouloir y croire.
Tu n’es pas de ceux-là.
Je raconte des histoires de première fois qui ont le goût des dernières, quand on ne sait pas s’il y en aura d’autres. J’écris sur ces funambules, qui vivent pour le vertige d’une rencontre, prêts à tomber de haut pour une belle histoire.
Ils font semblant de croire aux mensonges pour se trouver beaux dans les yeux d’un autre.
Ils ne doutent pas quand le jour se lève d’avoir le cœur au bon endroit. Leur seule arrogance est d’avoir vaincu leur peur, d’être allé au bout de leur désir et d’y avoir trouvé la paix.
Tu ne seras pas dans une de ces histoires.
Pour toi je n’ai pas les mots.
Dans ton monde le manque n’existe pas, dans le mien il portait ton nom.


Pourquoi je ne t’écris plus ? Parce que je suis trop occupée à vivre. Parce qu’aucune réponse ne serait possible. Parce que je suis heureuse et que je n’arrivais pas à te le dire. Tout ça à la fois.
Je n’écris plus sur le manque, maintenant que dans ma vie tout est plein. Loin de notre histoire, je n’en invente pas d’autre, je vis la mienne. Sans toi.
Comme l’a écrit Proust: mon rêve est devenu mon adresse.
Je vis dans un endroit qui ne porte pas ta trace, sous des arbres plus vieux que nous, qui nous survivront et que tu ne connaitras pas. Je dors dans un lit où personne n’a laissé son parfum.
Pourtant la maison n’est jamais vide, tu avais raison. Chaque soir se fête sous la glycine, chaque jour se partage sous le soleil et le vent.
Mon corps rebelle a failli me lâcher pourtant, mais il m’a écouté quand je lui ai dit que tout commençait maintenant et qu’il était trop tôt. Alors il m’a donné un sursis, et je vis encore plus fort. Sans toi.
Encore quelques mots et je retourne au temps qu’il me reste.
Ne t’inquiète pas de mon silence, mon envie de raconter reviendra. J’inventerai encore des histoires de gens qui se quittent et se retrouvent, qui s’aiment et se perdent. J’en écrirai dans des trains, des avions, des cafés déserts.
Mais ce soir, sous mon arbre, je préfère ce qui ne se raconte pas. J’ai le vertige de vivre. Sans toi.
Une lettre, un prénom écrit à la main sur l’enveloppe, il reconnaît l’écriture, glisse la lettre dans sa poche sans l’ouvrir, la lira plus tard. Elle sera déjà loin.
« Je vais bien ne t’en fais pas.
Je suis partie là où le manque passera plus vite.
A quoi bon se dire au revoir encore une fois? Nous n’aurions pas plus réussi que les précédentes.
La fuite est la seule solution, la terre brulée est derrière moi.
J’ai jeté ton numéro sans l’avoir jamais appris par cœur, supprimé toutes les traces visibles de toi. Il reste encore ton visage dans ma mémoire et ta voix à mon oreille, qui s’effaceront bientôt. Plus rien de toi ne s’affichera plus sur mon écran: ni ta photo, ni ton nom. Je vais déjà mieux de ne plus rien vouloir.
On dit que le corps garde plus longtemps encore l’empreinte de celui qui vous a étreint. J’irai oublier le tien dans les parfums d’un autre, comme tu le fais depuis toujours.
Je ne t’écrirai plus. Je n’arrive plus à t’aimer sans me détester, je pars avant que le dégoût ne prenne toute la place. La liste est longue de ce qu’il n’y aura plus. Je l’ai faite, n’en doute pas. Je te promets de tout faire pour me passer de toi, promets-moi de ne pas venir troubler ma paix.
Souviens-toi du dernier matin, de mes mots, et ne me demande pas pourquoi.
Mais je vais bien, ne t’en fais pas. »
Post du 11 avril 2022


Gare de Bordeaux – Voie 2 – Départ 8h42
Prendre un train vers toi, pour une soirée, une nuit et puis rentrer. Acheter un souvenir à la gare, sans trop savoir pourquoi; les souvenirs sont ailleurs.
Pour te rejoindre, reconnaitre ta silhouette dans le hall d’un hotel ou d’une gare, et pendant ces quelques secondes, faire le vide pour me remplir de nous seulement, jusqu’à demain.
Pour ce qui ne sera jamais qu’un moment volé, aux autres, à nos vies, je referais le voyage. Tout mettre en pause, oublier ce que nous ne sommes pas, ce que j’essaye de ne pas voir, pour ne pas t’en vouloir demain.
Je ne suis pas de celles qui t’aiment plus que tu ne pourras leur rendre. Je suis celle qui pourrait leur dire: je sais les mensonges que vous entendez, la douleur de votre manque, le leurre de sa douceur.
Ce que tu leur donnes ne sera jamais suffisant, ce que tu leur prends ne te nourrit pas assez.
Mais quand c’est moi que tu regardes, que tu embrasses sans crier gare, et ma main que tu cherches dans la nuit, le cauchemar disparait, mes nuits ne portent plus leurs noms, seulement le tien.
Ne rien espérer est un combat, mais ne rien vivre serait une petite mort.

Paris la nuit c’est parfois beau comme un cliché.
Souviens- toi de ces cartes postales que l’on s’offrait en souvenir. J’ai épinglé les miennes sur le mur, tu as posées les tiennes sur le miroir, puis oubliées au fond d’un tiroir. On les croit perdues dans un déménagement et on les retrouve un jour glissées dans un livre.
Tu retrouveras un jour ma carte postale, avec au dos, une date, et ces quelques phrases griffonnées :
Pour toi,
Pour les paroles que tu ne sais pas prononcer, celles que tu oublies; pour ton insolence, ta tendresse involontaire.
Pour ton panache, tes silences, tes sourires et le meilleur de toi qui fait oublier le pire.
Merci d’être plus vivant que les autres.
Si tu lis ces mots c’est que j’ai appuyé sur « envoyer » dans un moment où j’ai cessé d’être raisonnable. Tu me pardonneras donc les imperfections et mon élan qui n’a de valeur que dans l’instant. Je ne vois pas plus loin. Trop tôt ou trop tard, je préfère le risque au silence.
Au moment où nos doutes et nos envies s’entrechoquent, je reconnais qu’il y a cette chose entre nous, dont on ne sait pas quoi faire mais qui existe. Peut-être juste une affinité, mais elle compte. Un désir qui persiste même après y avoir cédé. Une envie de voir ce qu’il peut y avoir ensuite, malgré tout ça.
J’ai peut-être un regard sur toi dont tu n’as pas l’habitude, et si j’ai suscité ton intérêt avec quelques mots c’est sans doute que je ne suis pas tombée loin.
Tu sens ma tristesse au moment où elle affleure, tu calmes mon impatience, tu réveilles mes envies, tu me donnes celle de te plaire. C’est déjà beaucoup, c’est rare.
Nous pouvons choisir de ne rien faire de tout ça, pour de très bonnes raisons. Nous pouvons aussi choisir de raisonner moins et vivre plus en prenant ce qui est devant nous.
Je n’ai pas de solution ou fais de choix.
Je pose juste ça là.
J’aimerais savoir comme toi laisser le temps passer. Je ne lui fais pas assez confiance pour croire que le silence nous soit utile.
J’ai peur des jours qui passent et nous éloignent, de perdre cette chose infime qui nous lie, quel que soit le nom qu’on lui donne, des rencontres qui effaceront la nôtre.
Alors je l’écris, et on verra bien si j’ai raison ou tort.

Je regarde ces images de vous sur la plage avant la pluie, hier. Elles me plaisent, vous me plaisez. J’aurais voulu vous dire que j’adore votre façon de passer la main dans votre barbe quand vous parlez. J’aime votre voix et pas seulement quand elle murmure les mots que je n’ose pas dire.
Il n’y a plus de chocolats dans la boite blanche de Noël, mais je l’ai gardée ; pour le souvenir de celui qui me l’avait offerte.
Je le trouvais élégant et sombre, embrumé dans un chagrin que son œil espiègle essayait de démentir. J’avais envie de lui faire plaisir, il réveillait un désir perdu. Il m’a semblé voir une faille dans la carapace, j’ai même cru y être pour quelque chose.
Cet homme c’est vous, et pourtant vous êtes déjà un autre. Il ne reste que le souvenir de celui qui n’est plus vraiment là.
Aussi surement que ce n’était pas le bon moment pour nous rencontrer je sais aussi qu’il n’y en aura pas d’autres.
Nous allons perdre cette petite chose qui naissait entre nous parce que vous ne pouvez pas la faire grandir et que je ne sais pas m’en contenter.
Je dois cesser de penser à vous, d’avoir envie de vous lire. Je vous écrivais « vous me déconcentrez » et c’est vrai à plusieurs titres.
Vous devez vivre et aimer aussi, retrouver ce goût, vous êtes doué.
Si vous croisez l’homme aux chocolats, dites-lui que je lui souhaite de retrouver la douceur, et que je regrette que ce ne soit pas avec moi.


Il y a ce que je ne sais pas dire au téléphone et les mots qui ne viennent pas non plus face à toi. En me réveillant au milieu de la nuit , chercher instinctivement tes bras, ne pas les trouver mais garder le souvenir de toi pour me rendormir. Avoir envie de te faire plaisir pour une dernière soirée avant longtemps quand tu pars mais ne pas savoir comment, à part me caler dans tes pas, sans faire de vague, juste essayer de suivre un frémissement d’envie.
Ne rien proposer, la peur de décevoir autant que d’être déçue sans doute. Guetter un enthousiasme qui n’est en fait que le mien.
Penser que ça a fait un an depuis notre première st Valentin mais qu’aucun de nous ne l’a relevé, me dire que ça ne compte pas tant que ça, les dates, les jours.
Partir comme toi dans la journée comme dans une course et puiser l’énergie dans ce que les autres attendent de moi, là où je crois que je réussis, là où je n’ai pas peur en tout cas.
Garder tes messages pour ta voix qui dit “j’ai une pensée pour toi” et les réécouter quand tu me manqueras mais que je ne le dirai pas.
S’accrocher à ça plutôt qu’à ce qui n’est pas, prendre ce qui est là et ne pas trop donner, garder en tête la proportion pour ne pas me laisser emporter.
Être à tes côtés c’est tout ça et tant d’autres choses que je ne dirai pas.
On dirait une chanson: “au bout du téléphone il y a votre voix, et il y a les mots que je ne dirai pas…”
Ça, je sais que tu connais, et tu comprends peut-être.
Une photo de profil
Voir ton visage sourire à côté de ton prénom c’est ….
C’est retrouver un peu de toi. C’est te voir me sourire, même si ce n’est pas à moi seulement que tu souris. A chaque fois, une fraction de seconde, je le crois.
C’est me souvenir de tout ce que tu m’inspires.
C’est toujours la même lumière dans tes yeux, ce qui te rend brillant pour l’extérieur, ce qui fait de toi un homme peut être plus vivant que les autres.
C’est l’ovale de ton visage dont mes mains connaissent si bien le contour qu’en le regardant je crois le toucher. On ne sait pas sa douceur mais moi je m’en souviens.
Ce qu’on ne voit pas sur la photo ….
C’est l’autre regard que tu as quand tu le poses sur moi, parfois,
C’est ton sourire en coin quand te me dis « t’es chiante »,
Ce sont tes yeux quand j’ôte tes lunettes, tard le soir, et qui brillent d’une autre lumière.
Ce qui manque …
C’est le son de ta voix (et c’était bon de l’entendre hier) . Les mots que j’aime entendre dans ta bouche.
C’est sentir ton parfum quand tu t’approches,
C’est ta carrure qu’on ne voit pas sur la photo,
C’est ton corps que je ne connais plus,
C’est ta présence toute entière qui manque

Aéroport, vol retardé.
J’espère que tu dors encore.
C’était bon de te voir hier. Je suis obligée de le reconnaître. Je pourrais ne pas te le dire, tu préférerais sûrement.
Une partie de moi espère toujours confusément que je ne ressentirai plus rien, que tout ce que tu ne donnes pas asséchera le désir. Demain peut être. Aujourd’hui ça vibre encore alors je prends.
J’aime quand la façon dont je te regarde te dérange, alors que c’est toi qui fais naître ce regard là et tu le sais. Quand j’ai envie de toi juste en te regardant marcher, quand tu mets le feu avec deux phrases, avec ton air de perdre la partie à chaque fois et donc me laisser croire que je la gagne.
Je ne suis pas dupe mais j’aime ça quand même.
J’aime quand tu m’embrasses comme si tu ne pouvais pas t’en empêcher.
J’aime glisser ma main dans ta poche sans te demander ton avis, sous ta veste et sentir ta chaleur. J’aime la promesse de plaisir qu’il y a dans cette seconde là.
Finalement on embarque. J’ai ta playlist avec moi…

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