Un texte écrit sur demande, pour illustrer une rencontre, non publié, oublié, puis retrouvé, comme une photo au fond d’un tiroir. Un souvenir. Je le pose là.
Il y va des rencontres comme des lieux, certains vous marquent, ou vous transforment. Et parfois l’un ne va pas sans l’autre.
Posée sous un arbre, dans la chaleur humide du Kerala, entre une méditation et un massage ayurvédique, je ne tenais pas plus à troubler ma paix fragile que celle de mon voisin de bungalow.
Il me fallut plusieurs jours pour répondre à son sourire, et échanger quelques mots, autres que de politesse.
Permettre un moment de partage, autour d’un chai latte, après le diner : il n’en fallut pas plus pour qu’un espace s’ouvre à moi, à nous, une découverte de l’autre, sans fard, sans jeu, sans autre séduction que de se sourire avec le cœur. Se raconter un peu de nos vies, mais surtout partager une intimité immédiate, quand on cesse de se cacher derrière les apparences et que c’est l’âme qui parle, qui montre ses failles, qui sent une chaleur chez l’autre.
Cela aurait dû durer une heure, cela s’est fini au milieu de la nuit, pour se poursuivre le lendemain, jusqu’à la dernière minute avant de prendre mon avion.
Que ferons-nous de cela ? Etait-ce un instant suspendu, jamais appelé à se reproduire, ou le début de nombreux autres ? Saurons-nous revivre cela avec d’autres personnes qui auront su, avant nous, ouvrir leur cœur et seront ainsi capable d’accueillir le nôtre ? L’avenir le dira. Mais nous savons tous les deux ce qui était là, à cet instant. Parce que c’était là-bas, et parce que c’était nous.
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