Au fond, c’est toujours la même blessure qui menace de se réveiller. Un écho ancien dont on croit être éloignée, jusqu’à ce qu’un détail, un geste, un mot ramène ce que le temps n’a pas totalement effacé.
La trahison a cette façon de se répéter à l’infini.
Je revois encore ce matin-là, la pluie battant contre les vitres, et le froid qui m’a glacée au moment précis où tout s’est effondré.
C’est le moment où tout bascule sans bruit, où son visage est le même mais plus rien en lui ne nous répond, où l’on comprend que quelque chose s’est perdu, irrémédiablement.
Et je reste là, avec un amour trop grand pour moi, trop fort pour disparaître, trop abîmé pour que l’histoire puisse continuer.
Il y a un avant et un après. Une façon d’aimer qui ne sera plus jamais aussi confiante, une innocence perdue.
On aime encore, bien sûr, mais en sachant que tout peut s’arrêter demain, qu’il faut réapprendre à croire en l’autre chaque matin, en espérant, en secret, que la déception n’arrive pas avant la nuit.
Et si j’avais fermé les yeux ? Et si j’avais cru à un recommencement ? Mais que fait-on d’un amour si abîmé qu’il nous épuise davantage qu’il ne nous porte ?
Alors il a fallu s’arrêter là, pour espérer un jour aimer encore. Mais la blessure, elle, reste. On appelle cela la prudence. Moi, j’appelle ça survivre.