Si on recommençait tout à zéro, je me demande parfois ce qui changerait vraiment.
Est-ce que tu t’enfuirais encore au moment exact où tu te sentirais tomber vers moi ? Est-ce que je te suivrais sans regarder derrière moi ? Est-ce que j’arriverais encore à te faire taire d’un baiser, comme avant, quand les mots devenaient inutiles ?
Tu me dirais peut-être, à nouveau, « maintenant que je t’ai retrouvée, je ne vais plus te perdre ». Je te regarderais prononcer cette phrase en me demandant si cette fois tu la ferais vivre.
Si la vie nous offrait une deuxième chance, est-ce que nous la prendrions vraiment ?
J’aimerais croire que nous aurions laissé nos fantômes derrière nous, que nous saurions regarder ce qui est là, devant nos yeux : nous, et le temps qu’il reste. J’aimerais croire que je reconnaîtrais ton pas dans l’escalier avant même de te voir, comme il m’arrive encore de chercher ton parfum sur un inconnu dans la rue.
J’aimerais croire que ta peau me serait encore familière, que nous nous retrouverions comme autrefois, quand il suffisait d’un baiser pour effacer l’absence et reprendre exactement là où nous nous étions quittés.
Ou bien tout serait neuf, comme ces choses qui ne disparaissent pas mais changent seulement de forme.
La magie de la découverte, l’immédiate complicité, l’intime connivence seraient encore là, autrement, mais avec la même évidence.
Ce que je sais, en revanche, c’est que je n’aurais plus à m’excuser d’être entière, et que tu ne vivrais plus dans la peur de mal faire.
Nous aurions cessé de nous tenir à distance par prudence, de mesurer chacun de nos gestes comme s’ils pouvaient tout faire basculer.
Qu’on soit cachés ou en pleine lumière, ce que je sais, c’est que la question ne se poserait plus. Être ensemble ne demanderait plus de justification.
Ta façon d’être là, intensément, continuerait de compter plus que tout le reste.
Et c’est cette idée-là, celle qu’on n’ose pas vérifier, qui reste.