J’ai aujourd’hui l’âge que tu avais quand nous nous sommes rencontrés.
Quelques années seulement, et pourtant un monde. Je comprends maintenant certaines de tes phrases.
Dans celles que je trouvais dures j’entendais du rejet. Dans ta lucidité, je voyais du renoncement.
Tu essayais de me dire qu’on ne gagne pas toujours à vouloir plus.
Que l’intensité épuise. Que les élans permanents finissent par faire mal. À l’époque, je rêvais d’autre chose. De ce que je sais aujourd’hui impossible.
Aujourd’hui, je me surprends parfois à parler comme toi. À penser comme toi. À accepter ce que je refusais alors.
Je n’étais pas prête à t’entendre. Nous avions chacun raison, mais pas au même moment.
Je n’ai pas appris à me contenter. Je n’ai pas suivi la même route que toi. Mais j’ai appris à être heureuse autrement. Dans le calme. Sans peur de perdre. Sans cette inquiétude constante qui ressemblait trop peu à de l’amour.
Tu disais que personne ne te manquait désormais. Je t’ai cru.
Je crois encore que c’était vrai, à ce moment-là.
Aujourd’hui, moi non plus, personne ne me manque vraiment.
Sauf toi.
Et ce n’est ni une demande, ni un regret.
Juste un constat.