On me demande souvent si j’écris pour quelqu’un.
Si, derrière mes phrases, il y a un visage. Un nom. Une absence précise.
Comment répondre sans risquer de décevoir ?
L’absent n’est pas toujours une personne. Parfois, c’est un instant qui n’a pas eu lieu. Une phrase qu’on n’a pas osé dire.
Une version de soi qu’on n’a pas suivie.
Il n’a pas de visage fixe. Il change selon les jours, selon les pages.
Et si certains se reconnaissent,ce n’est pas parce que je pense à eux, mais parce qu’ils ont déjà connu ce battement-là.
Ce léger vertige, quand on se demande, en refermant le texte, si l’absent…ce n’était pas nous.