Je ne sais pas exactement quand ça a commencé.
Un geste, ou cette façon que tu as eue d’attraper la lumière sans même t’en rendre compte. Je t’ai vu avant de comprendre, et déjà quelque chose en moi s’était déplacé.
Depuis, il y a cette parenthèse que nous avons créée sans en parler.
Ce temps suspendu où tout semble plus doux, plus lent, comme si le monde nous laissait une marge, un souffle, une cachette discrète. Ce que nous partageons n’a pas besoin d’être expliqué. Ni montré. Je le garde en dedans, presque jalousement, comme un secret que je protège du reste.
Et pourtant, les jours passent. Je pensais que l’émotion s’effacerait, qu’elle se tasserait comme toutes celles qui ont fini par me trahir.
Mais non. Elle est restée.
Elle se réveille au moindre détail : un sourire, un silence, ton nom qui traverse ma journée comme une éclaircie.
Je sais que rien ne nous garantit la suite. Je sais que cela pourrait s’arrêter demain.
Mais même ainsi, même immobile, même fragile, ce que je ressens tient bon.
Et si ça dure encore, si ça continue à m’éblouir juste autant, sans brûler davantage… alors j’aurai déjà gagné. Contre le passé. Contre mes peurs. Contre tout ce qui m’a appris à me méfier de la beauté.
Parce qu’avec toi, l’émerveillement ne s’envole pas. Il reste. Et je ne m’y habitue pas. Pas un seul jour.