Inde: Ayurveda et Méditation au Kerala

Inde: Ayurveda et Méditation au Kerala

Inde: Ayurveda et Méditation au Kerala 1224 1632 Sophie Pialet

Il y a des voyages qui vous dépaysent, d’autres vous font découvrir des cultures, des paysages et d’autres vous transforment.

La veille de mon départ, en informant une amie de mon voyage pour l’Inde, celle-ci m’a dit : « Attention, il y a un ‘avant’ et un ‘après’ l’Inde ». Effectivement, mais peut-être pas pour les raisons qu’elle avait en tête en me confiant cet avis éclairé.

L’inde est un pays qui, pour les occidentaux que nous sommes, peut effrayer par sa pauvreté, le manque d’hygiène qu’on imagine ou le fossé de civilisations. Je ne peux donner raison ou tort, je dois reconnaitre que je n’ai pas visité l’Inde, ni même le Kerala où j’ai passé ces quelques jours.

J’y ai par contre découvert la médecine ayurvédique et, surtout, une partie de moi-même que j’ignorais, à travers la méditation de pleine conscience.

Une cure ayurvédique c’est quoi ?

Je vous épargne l’explication sur les origines ancestrales de cette médecine qui est axée sur le malade et pas sur la maladie, d’autres sites en parleront bien mieux que moi.

Après un questionnaire de dix pages autant sur vos petits bobos, que vos habitudes alimentaires ou votre sommeil, on détermine votre Dosha sur lequel sera basé l’ensemble de votre cure.

Cette cure se compose de massages, d’une alimentation adaptée, de yoga (pour ceux qui aiment, même débutants) et de méditation. Le tout devant vous amener un mieux-être global. Notion inconnue pour moi qui ne me trouvait pas malade en arrivant et pas trop mal dans ma tête, plutôt heureuse d’être là.

La journée type ?

  • Réveil matinal pour une séance de yoga pranayama (basé sur la respiration) puis petit-déjeuner avant le soin ayurvédique de deux heures (massage à 4 mains, avec beaucoup de variantes plus ou moins musclées selon votre profil)
  • Yoga pour les amateurs ou les débutants
  • Déjeuner avec les participants du groupe
  • Une ballade sur la plage pour les courageux , une pause à la piscine ou une sieste
  • Séance de méditation à l’ombre, en groupe, dans un espace ouvert mais à l’écart pour le calme
  • Douche rapide puis diner ensemble
  • Dodo tôt car grosse fatigue (oui je sais on a du mal à le croire)

Le tout dans un cadre enchanteur : un jardin luxuriant, la mer d’Arabie en contrebas et des bungalows dispersés sur les paliers de ce promontoire, entre les arbres et les fleurs.

Côté recto: la transformation physique

Imaginez-vous une parisienne, bien caricaturale, qui se maquille tous les jours, ne met des baskets que pour faire du sport et ne sait pas vivre sans séchoir à cheveux. L’iphone est une extension de ma main, et mon ordinateur portable est toujours dans mon (gros) sac à mains.

Maintenant, la même pendant sa cure :

  • pas de wifi ou quasi pas, donc iphone posé dans la chambre, avec l’ordinateur, 22 heures par jour. Oui j’avoue, j’ai craqué, parfois.
  • Tenue pour la matinée : un peignoir pour les soins, une serviette en coton sur la tête plus ou moins imbibée d’huile.
  • Tenue pour l’après midi : un pantalon hyper large et un tshirt difforme mais confortable.
  • Toute la journée : le cheveux gras du massage (il faut laisser l’huile agir) !, en tongs, sans maquillage

Bref, ma camarade de massage et moi nous surnommions l’une et l’autre « Madame Serfati » en hommage à Elie Kakou et son look mémorable.

Bref, aucune photo de moi pour le prouver mais je ne ressemblais à rien ou alors juste à moi-même sans artifices, pas très fan…. Point important : aucun miroir nulle part, juste un tout petit au dessus du lavabo de la salle de bain. Ne pas croiser son reflet est salutaire les premiers jours.

Le corps passe au premier plan mais pas l’embellissement extérieur, le soin complet de l’extérieur à l’intérieur. Se faire dorloter par ces professionnelles, m’enduisant d’huile ou me versant de l’eau tiède pleine d’herbes mystérieuses, avec des gestes précis, fut une expérience de « lâcher prise » très primitive. Oui je sais que cette expression est à la mode et je ne sais pas exactement ce qu’elle signifie pour vous, chacun y mettant sa dose de contrôle, mais je me suis laissée faire avec un grand plaisir. Ce qui n’est pas facile pour tous, ai-je découvert assez vite.

Ne pas manger un morceau de chocolat, de pain blanc ni aucune alimentation industrielle, tout étant cuisiné sur place avec des produits indiens (lavés comme il faut ne vous inquiétez pas, personne n’a été malade !) fut également une expérience pour le corps. Je ne suis pas particulièrement adepte de la junk food mais de là à manger végétarien pendant une semaine, il y avait un monde que, j’avoue, avoir adoré. Allez comprendre !

Pas un verre de vin, même pas un soda, juste une tisane à tous les repas, des jus de fruits frais et, encore plus dingue : rien ne m’a manqué. Des repas calibrés pour votre profil ayurvédique, des découvertes quotidiennes délicieuses et mon corps en fut très satisfait.

Côté verso : transformation mentale

Après tout ceci, c’est le corps reposé et adouci d’avoir été ainsi câliné que j’arrivais à la séance de méditation de l’après midi.

Le calme du lieu et l’absence de stress contribuaient aussi à un état de détente quasi permanent.

Mes expériences de méditation jusque là s’étaient plutôt rapprochées de la relaxation. J’allais découvrir que c’était bien autre chose.

Les « encadrants » de ce séjour côté méditation étaient Jeanne Siaud-Facchin et Alain Facchin, deux experts s’il en est. Je vous invite à découvrir leur travail sur www.meditez.com. Je n’en dirai pas tout le bien que j’en pense, vous pourriez vous les figurer comme des gourous qui m’auraient lobotomisée. Et ce serait tellement loin de la réalité qu’ils en seraient blessés, j’en suis certaine.

J’avais découvert la méditation avec Alain Facchin, j’en suis devenue accro en Inde.

Il est très difficile de relater ces moments tant ils sont du domaine du vécu, le terme « expérience » prenant ici tout son sens.

Je vais toutefois éclaircir un point qui est revenu souvent dans les questions de mon entourage : Non, je n’ai pas passé trois heures par jour assise en tailleur, à marmonner des sons bizarres. Je n’ai pas passé la semaine en solitaire, centrée sur moi, à cultiver mon bien-être égoïstement.

J’ai rencontré des gens formidables, avec qui j’ai parlé des heures sans demander : vous faites quoi dans la vie ? J’ai vécu des moments uniques, plus intimes dans ce qui a été partagé avec ces inconnus qu’avec mes amis les plus proches.

Je dois reconnaître que la partie « partage d’expérience en groupe » fut pour moi particulièrement pénible au début, puis de moins en moins, même si je ne suis jamais aller jusqu’à parler. On ne se refait pas, parler tout court devant un groupe est un exploit, parler de moi est impossible. Mais peu importe,  l’impact n’était pas là pour moi.

Puisqu’il est difficile de décrire le moment même, je vais vous donner quelques exemples concrets des bienfaits que j’ai pu ressentir, sur le court puis le moyen terme (à quelques semaines post-voyage).

Tout d’abord, le plus facile : la détente. Profonde, durable, se sentiment de relâchement ne m’a quasi pas quittée de la semaine. Etais-je bien à l’abri des soucis quotidiens ? évidemment, mais cela n’explique pas tout.

Concentrée sur mes sensations puis sur l’instant présent, j’ai découvert que j’avais une nouvelle compétence : écouter mon corps, ressentir différemment. Désormais je sens quand mon corps en a marre avant que mon stress ne l’envahisse.

J’ai appris que je pouvais faire autre chose que travailler, dormir, manger et partager mon temps avec mes proches; il y a un temps pour moi qui est utile, aussi rempli que celui que je donne aux autres.

Ne rien faire n’existe pas : lorsque je ne fais rien, je suis moi-même et je me nourris des bienfaits que je m’apporte seule. La bienveillance (un autre mot à la mode) ne vaut pas que pour autrui, elle existe pour soi-même.

En méditant j’ai découvert que j’avais en moi une capacité à recevoir autant qu’à donner, intrinsèque autant qu’extérieure, et croyez-moi, ce n’est pas rien.

Est-ce d’avoir décidé, fait et réussi ce voyage seule qui a contribué à cette quasi fierté que j’ai ressenti ? C’est possible mais pas suffisant.

Quelque chose lié à la confiance s’est créé là bas qui m’accompagne encore aujourd’hui.

 

Je ne suis pas restée « zen » 24h sur 24 en rentrant, j’ai repris le rythme parisien, les soucis quotidiens qui nous envahissent, mais j’ai gardé ce petit espace pour moi dans mon agenda autant que dans ma tête.

C’est grâce à cela que je publie ce blog aujourd’hui, grâce à cela que j’ai envie de partager les écrits que je gardais pour moi

A défaut de parler devant un groupe……

Vous aussi lancez-vous, méditez !

 

 

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