(re)voir Un homme et une femme

(re)voir Un homme et une femme

(re)voir Un homme et une femme 215 290 Sophie Pialet

J’aimerais vous parler de mon amour de ce film comme un amoureux qui, n’osant pas parler à celle qu’il aime, en parlerait à tous ceux qu’ils rencontrent
(Détournement des paroles de Pierre Barouh, rendons à César….)

J’ai vu Un homme et une femme au cinéma, cette semaine, 50 ans après sa sortie, en étant persuadée de l’avoir déjà vu des années auparavant, tant il fait partie de l’inconscient collectif, tant j’ai vu et revu certaines scènes, comme vous probablement.

L’avais-je regardé si différemment à vingt ans qu’à quarante je ne l’ai pas reconnu ?
Dès les premières images, je me suis aperçue, stupéfaite, que je ne l’avais jamais vraiment vu, du début à la fin, en entier.
Les extraits disséminés dans les autres films de Lelouch ont accompagnés toute ma vie jusqu’à ce jour où je découvre celui qui a sans doute été à l’origine de tous les autres.

A 18 ans, je suis allée à Deauville pour un aller-retour dans la nuit, en accompagnant un homme qui voulait jouer au casino et je trouvais cela très romanesque. A cette époque, on ne pouvait déjà plus rouler en voiture sur le sable de la plage normande mais nous nous en sommes approchés assez près pour que cela semble un peu extravagant.

Comment aurais-je pu me croire dans un film sans avoir d’abord vu ces images de Jean-Louis Trintignant faisant des virages sur la plage ?
Si je connais toutes les musiques et chansons par cœur, c’était sans y superposer les images exactes du film. Je les aimais dissociées du film.

Une femme d’un autre film de Lelouch demandait : « N’est ce pas le même homme qu’on cherche dans tous les autres ? ». Un homme et une femme contient tout ce que j’ai aimé dans tous les films de Lelouch. Tout est là et je ne le savais pas.
A chaque fois qu’un homme est venu me chercher sur un quai de gare je me suis prise pour Anouk Aimée, comme tant de femmes j’imagine. Je voudrais qu’on fasse Monte Carlo-Paris-Deauville dans la nuit juste pour me voir.

Le mystère de la rencontre est un sujet qui m’intrigue depuis plusieurs années et celle décrite dans ce film en est un écho étrange.On ne comprend pas vraiment ce qui les attire, ce qui leur plait, mais c’est évident.

Plusieurs scènes n’ont que la musique pour dialogue, et ils s’effleurent sans se toucher, hésitants. Ils ne découvrent leurs blessures communes que lorsqu’ils sont déjà amoureux l’un de l’autre, ce n’est pas ce qui les a rapproché, consciemment.

Bien avant internet et le téléphone portable, un seul télégramme bouleverse l’histoire, mieux qu’un sms ou un mail et je pense : cela devait être si beau de recevoir un télégramme.

Et qu’on dise : « je vous aime » et pas « je t’aime », parce qu’après tout on se connaît à peine, on se vouvoie encore.  Quelle merveille d’être démodé, même si j’ai l’impression d’avoir cent ans tout à coup.

Il n’y a pas d’âge pour être emporté, pour oublier d’être raisonnable. Ces deux-là ne sont pas des enfants, ils réfléchissent, ils reculent mais finalement ils n’écoutent qu’eux-mêmes. Je leur envie tant ce courage alors que tout empêtrés dans nos peurs , même les emportements amoureux restent sous contrôle.

Bien sur, me direz-vous, c’est du cinéma, ce n’est pas la vie. Et pourtant j’ai vu autour de moi cent fois des hommes et des femmes ainsi, pris entre l’envie et l’impossibilité.

Il est d’ailleurs dit dans le film : « une rencontre, un mariage, un enfant ce sont des choses qui arrivent à beaucoup de gens. Ce qui peut être original c’est l’être qu’on aime »

N’avons pas nous pas toutes et tous été, à un moment de nos vies, si meurtris par la perte, d’un être cher ou d’un amour, qu’on s’est juré, même pour une seconde, de ne plus jamais aimer ou ressentir, qu’on se complait dans des souvenirs jusqu’à ne pas voir le présent. Certains s’empêchent éternellement d’être heureux, « fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve » etc.

Se plonger dans cette histoire, et ces magnifiques images, cela donne envie de tomber amoureux, encore et encore. Chabadabada, chabadabada…..

Paris, le 19 novembre 2016

 

 

 

 

 

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