Cette nuit il y a un homme à côté de moi.
Je l’entends respirer dans son sommeil, je devine son corps dans le noir, je m’habitue doucement à sa présence.
Vous n’avez rien en commun, je l’ai peut-être choisi pour cela. Vous ne parlez pas même pas la même langue. Il ne lit que les mots que j’écris dans la sienne, et pour lui seulement. Ce ne sont pas des mots qui touchent, ou qui racontent. Ce sont les mots de la réalité, du quotidien, ceux qui ancrent, qui rassurent.
Lui n’est pas un personnage qui change au gré de l’histoire qu’il invente pour plaire. Il ne compose pas, il existe, cela suffit.
Il fait des choix, il persiste, constant et convaincant. Il donne envie de rester pour vivre la suite, pas juste l’imaginer.
Tu ne l’aimerais pas. Trop grand, trop beau, presque lisse. Ni charmeur ni charmant, droit jusque dans son regard.
Il voyage pour me rejoindre. Moi qui prenais des trains pour te voler ce temps que tu donnais aux autres sans compter, je découvre que c’est vers moi que peut mener le voyage.
C’est étrange de ne pas être juste la femme de plus, de prendre une place qui n’est que la mienne.
Je croyais qu’avoir un homme dans mon lit rendrait moins douloureuse la présence des autres femmes dans le tien. C’est juste moins violent d’y penser, ça ne disparait pas pour autant. Il faudra encore du temps, pas seulement une autre peau contre la mienne.
Je ne sais pas dormir dans ses bras, il l’a compris. Il desserre simplement son étreinte, ne demande rien quand je m’éloigne. Pour me retrouver au petit matin, il accepte que je sois absente quelques heures de ses nuits.
Il sent quand mes vieux démons me hantent, il ne sait pas qu’ils portent tous ton visage.

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